Avec la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), le cadre du reporting extra-financier se durcit, et pour de nombreuses entreprises, la mise en conformité soulève une foule d’interrogations. Cette nouvelle réglementation peut en effet sembler complexe, voire intimidante.
Alors par où commencer face à ces exigences renforcées ? Comment intégrer la double matérialité, se préparer aux audits obligatoires et éviter les risques de non-conformité ?
Dans cet article, découvrez une feuille de route claire et structurée pour vous préparer efficacement à cette transformation majeure. De l’identification des obligations aux étapes opérationnelles clés, nous vous accompagnons pas à pas vers la conformité.
Poser les bases de la conformité
Pour réussir la transition vers la CSRD, il est crucial de partir sur des bases solides. Cette étape initiale permet de structurer efficacement le processus et d’assurer l’engagement de toutes les parties prenantes.
Concrètement, elle passe par plusieurs actions clés :
- Constituer une équipe dédiée
La mise en conformité à la CSRD est un projet transversal qui touche plusieurs départements de l’entreprise. Constituer un groupe de travail dédié, en impliquant des experts des équipes ESG, finance, juridique et data, est donc clé. Cette équipe sera chargée de coordonner les actions, de centraliser les informations, et de s’assurer que les objectifs de conformité soient bien atteints dans les délais impartis.
- Comprendre la CSRD et ses exigences
Avant de lancer les premières actions, vous devez par ailleurs maîtriser les principes fondamentaux de la CSRD, à savoir :
- La double matérialité : le rapport de durabilité doit inclure à la fois l’impact des activités de l’entreprise sur l’environnement et la société, et l’influence des enjeux ESG sur la performance financière.
- Les normes ESRS : ces standards européens définissent précisément les informations à inclure dans le rapport de durabilité, et les données associées.
- L'exigence de certification par un tiers : chaque rapport devra être certifié par un auditeur externe, une nouveauté qui ajoute un niveau de rigueur supplémentaire.
- Choisir un auditeur externe
Comme on vient de l'expliquer, un élément clé de la mise en conformité à la CSRD est la validation des rapports par un auditeur externe, qui peut être commissaire aux comptes (CAC) ou un organisme tiers indépendant (OTI). Choisir son auditeur dès le début de son processus de mise en conformité est essentiel pour bénéficier de son accompagnement à chaque étape, et anticiper les exigences de l’audit, notamment en matière de qualité et de fiabilité des données ESG.
Identifier et structurer les enjeux ESG
Une fois les bases posées, il est temps d’entrer dans le vif du sujet : identifier les impacts ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) liés à votre entreprise et structurer ces informations pour répondre aux exigences de la CSRD.
Là encore, vous pouvez procéder en 3 étapes :
- Cartographier la chaîne de valeur
La CSRD exige une vision globale et approfondie des activités de votre entreprise, y compris celles de ses partenaires et fournisseurs. Pour cela, il est essentiel d'identifier toutes les étapes de votre activité, des fournisseurs en amont aux consommateurs finaux, et d’analyser les impacts associés.
Évaluez les externalités sociales, environnementales et économiques générées à chaque maillon de la chaîne, en incluant par exemple les émissions de carbone dans le transport de vos produits ou les conditions de travail chez vos sous-traitants.
- Réaliser une analyse de double matérialité
Le concept de double matérialité est au cœur de la CSRD. Il s’agit de :
- Évaluer votre impact sur l’environnement et la société (matérialité d’impact) : quelles sont les conséquences de vos activités sur les écosystèmes, les communautés et vos parties prenantes ?
- Analyser l’impact des enjeux ESG sur votre entreprise (matérialité financière) : quels risques et opportunités ESG peuvent influencer vos performances financières et votre résilience à long terme ?
Concrètement, l’analyse de double matérialité consiste à évaluer et prioriser les enjeux ESG à l’aide d’une matrice qui croise leur impact sur la société et leur influence sur la performance de l’entreprise.
- Identifier les enjeux ESG prioritaires
Tous les enjeux ESG ne nécessiteront pas la même attention. Vous devez donc les prioriser, en vous appuyant sur votre analyse de double matérialité, afin de définir vos IRO (impacts, risques, opportunités).
Une fois ces priorités définies, vous pourrez déterminer les grandes catégories d’informations à inclure dans votre reporting, en conformité avec les normes ESRS.
Collecter et analyser les données ESG
C’est sans doute la partie la plus délicate ! La réussite de la mise en conformité à la CSRD repose en effet sur une collecte rigoureuse et une gestion efficace des données ESG. Ces informations sont au cœur du rapport de durabilité et doivent répondre à des exigences élevées en matière de fiabilité et de traçabilité.
Voici quelques pistes sur la marche à suivre :
- Définir plus précisément les données à inclure dans le reporting
Vous avez identifié à l'étape précédente les grandes catégories d’informations à inclure dans votre reporting. Il est temps à présent de déterminer les indicateurs ESG précis à publier, ainsi que leur source et leur mode de calcul.
Tout cela est encadré par les normes ESRS, qui définissent :
- Des “Disclosure Requirements” : il s’agit des exigences de divulgation, c’est-à-dire le détail des informations spécifiques à communiquer dans chaque catégorie.
- Des “Data Points” : il s’agit des données à publier, qu’elles soient qualitatives ou quantitatives.
- Structurer la gouvernance des données
La mise en conformité à la CSRD implique un audit rigoureux par un commissaire aux comptes ou un organisme tiers indépendant. Cela nécessite de fournir des pistes d’audit fiables (PAF) : chaque donnée ou information rapportée dans votre rapport CSRD doit être accompagnée de documentation et de preuves traçables, attestant de son origine, de son traitement et de sa validation finale.
Pour éviter ces risques, vous devez définir des protocoles précis et établir des rôles et responsabilités clairs en interne, en matière de manipulation des données.
- Mettre en place les outils et process nécessaires au traitement des données
La collecte et l’analyse des données ESG sont au cœur de la mise en conformité à la CSRD, mais elles posent souvent des défis majeurs : données dispersées, formats variés ou informations manquantes, il est indispensable de mettre en place des processus de collecte et d’analyse structurée.
Cela va sans dire, mais un outil basique comme Excel ne peut répondre à la complexité des exigences de la CSRD. Il est donc recommandé d’adopter un outil spécialisé comme Auxo Dynamics pour automatiser la centralisation des données, faciliter leur analyse, et assurer leur traçabilité en produisant des pistes d’audit fiables.
Rédiger, valider et publier le rapport
Une fois vos données collectées et organisées, vient l’étape finale : produire un rapport de durabilité conforme aux exigences de la CSRD. On peut la décomposer en trois phases essentielles :
- Rédiger un rapport clair et structuré
Le rapport doit répondre aux normes ESRS et inclure les informations définies dans les “Disclosure Requirements” et “Data Points”. La rédaction doit être précise et transparente, tout en mettant en avant vos performances ESG, vos politiques et vos progrès. N’oubliez pas que ce document est destiné à des parties prenantes variées : il doit donc être le plus accessible possible, tout en respectant la rigueur attendue par les régulateurs.
- Valider le rapport avec un auditeur externe
Avant sa publication, le rapport doit être certifié par un commissaire aux comptes ou un organisme tiers indépendant. L’auditeur s’assurera de la traçabilité des données, de leur fiabilité et de leur conformité aux normes. Anticiper cette étape en structurant vos pistes d’audit et en préparant la documentation associée est crucial pour éviter des réserves ou des audits négatifs.
- Publier et communiquer auprès des parties prenantes
Une fois validé, le rapport doit être rendu public et accessible. La publication ne se limite pas à une obligation réglementaire : elle est une opportunité de renforcer la confiance et la crédibilité de votre entreprise auprès des investisseurs, clients et partenaires. Alors, communiquez stratégiquement sur vos engagements et utilisez ce document comme un levier pour valoriser vos efforts.
La mise en conformité à la CSRD est donc un vaste chantier, qui demande rigueur et méthode. Mais en suivant cette feuille de route structurée, votre entreprise pourra non seulement répondre aux exigences réglementaires, mais aussi renforcer sa transparence et sa crédibilité auprès de ses parties prenantes. Une fois la première édition publiée, chaque rapport deviendra un levier pour optimiser vos performances et anticiper vos enjeux à venir !