Entreprises : comment améliorer votre performance tout en réduisant votre impact environnemental ?

Par Clémence Piteau
11 avril 2025
5 min
Sommaire

Le dernier rapport du GIEC, le Groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat, est formel : le réchauffement climatique atteint une ampleur inédite et provoque des bouleversements rapides dans l’atmosphère, les océans, la cryosphère et la biosphère.

Limiter les dégâts reste possible, mais cela suppose des transformations profondes, immédiates, et à tous les niveaux. Y compris dans les entreprises.

Pour ces dernières, la transition ne peut toutefois pas se faire au détriment de l’équilibre économique. Une entreprise n’est pas une ONG : elle doit continuer à générer de la valeur et être rentable.

Comment, alors, réduire son impact environnemental sans compromettre sa compétitivité ? C’est tout l’enjeu. Voici des pistes concrètes pour y parvenir.

Pourquoi performance et impact environnemental doivent (désormais) se conjuguer

L’impact environnemental, un risque économique tangible

Inondations, sécheresses, hausses des coûts de l’énergie ou des matières premières : les effets du dérèglement climatique ne sont plus théoriques. Ils frappent déjà les chaînes de production, les marges et les business models.

Mais le risque ne vient pas seulement de l’environnement en lui-même. Il vient aussi du marché : 

  • Les banques et investisseurs intègrent désormais l’impact ESG dans leurs décisions : une trajectoire carbone floue, et l’accès au financement se complique. Même logique côté assureurs.
  • Les consommateurs, eux, ne pardonnent plus : un produit trop carboné, un scandale environnemental, et c’est la sanction immédiate (perte de confiance, boycotts, atteinte durable à la réputation…).
  • Quant aux talents, ils choisissent où ils s’engagent. Pour beaucoup, une entreprise qui ignore son empreinte environnementale, c’est une entreprise qui ne comprend pas son époque.

En clair, ne pas maîtriser son impact environnemental, c’est prendre des risques à tous les niveaux : opérationnel, financier, humain.

Une pression réglementaire qui change la donne

En matière environnementale, le paysage réglementaire est de plus en plus dense et contraignant. Ce qui relevait hier de l’engagement volontaire devient peu à peu un socle d’obligations. 

Les textes se multiplient. Au niveau européen, on peut notamment citer la CSRD, la taxonomie verte, la SFDR. Au niveau national : la loi climat et résilience,  le devoir de vigilance, les obligations de bilan GES... Sans oublier les exigences spécifiques imposées par les clients ou les appels d’offres publics.

Ce durcissement réglementaire expose les entreprises à des sanctions, des pertes de marchés et un risque de non-conformité croissant.

L’impact environnemental, nouveau levier de compétitivité

Maîtriser son impact environnemental ne sert pas uniquement à éviter des sanctions ou des surcoûts. C’est aussi un moyen de repenser sa performance globale, d’optimiser son modèle économique et de se différencier durablement.

Une stratégie bien construite permet notamment de :

  • Réduire les coûts grâce à la sobriété énergétique, à l’optimisation des flux logistiques ou à une meilleure gestion des ressources.

  • Renforcer sa crédibilité en répondant aux attentes des clients, des talents et des partenaires, dans un contexte de vigilance accrue.

  • Gagner des parts de marché en se positionnant sur des appels d’offres ou des segments où l’impact environnemental devient un critère de sélection.

  • Différencier son offre par l’écoconception, la durabilité des produits ou la circularité, en phase avec les nouvelles attentes.

  • Ouvrir de nouveaux relais de croissance en développant des modèles bas carbone, des services responsables ou des solutions innovantes à impact.

La performance environnementale devient finalement un facteur de compétitivité, au même titre que le prix, la qualité ou encore l’innovation.

Mais transformer cette prise de conscience en stratégies concrètes soulève de nombreux enjeux. 

Les défis pour intégrer l’environnement dans les stratégies d’entreprise

L'intégration des critères environnementaux dans les stratégies d’entreprise s'accompagne généralement de points de frictions.

On peut notamment citer :

  • L’ampleur des transformations à mener : passer au vert ne se limite pas aux petites initiatives. Il s’agit souvent de revoir entièrement les chaînes d'approvisionnement, les méthodes de production et les processus : un bouleversement qui nécessite du temps et l'adhésion de toute l’organisation.
  • Le caractère long-termiste du retour sur investissement : réduire l’empreinte carbone ou optimiser l’efficacité énergétique demande des fonds conséquents dès le départ. Pour certaines entreprises, la rentabilité à court terme prime, rendant ces investissements difficiles à accepter.
  • La nécessité de mobiliser, en interne et en externe : aligner tous les acteurs concernés, des employés aux fournisseurs, sur les objectifs environnementaux de l'entreprise est complexe. Cela nécessite un effort continu de communication et de sensibilisation pour créer un réel engagement.

Ces freins sont réels, mais pas insurmontables. Tout l’enjeu est donc de mettre en place une feuille de route cohérente, au croisement de la performance et de la durabilité.

Comment structurer une démarche qui aligne résultats financiers et impact environnemental

1. Poser un diagnostic clair pour savoir où agir

Toute stratégie sérieuse commence par un diagnostic précis : quels sont les différents impacts de l’entreprise sur l’environnement ? Quels sont les enjeux les plus structurants pour l’activité ? Où se situent les principaux leviers de transformation ?

Pour y voir clair, l’approche la plus pertinente est sans doute l’analyse de double matérialité.
Elle permet d’identifier, d’un côté, les enjeux environnementaux qui affectent l’entreprise, et de l’autre, ceux sur lesquels l’entreprise exerce un impact significatif.

L’analyse doit se baser sur l’ensemble des données environnementales disponibles : émissions de gaz à effet de serre (sur les trois scopes), consommation de ressources, production de déchets, dépendance à des matières premières critiques, exposition aux aléas climatiques…

L’objectif est simple : analyser ces données pour cartographier les principaux impacts et hiérarchiser les enjeux selon leur intensité, leur urgence et leur portée stratégique.

2. Définir une trajectoire environnementale crédible et pilotable

Réduire son impact environnemental n’a de sens que si cette ambition s’inscrit dans une logique de performance. Il ne s’agit pas d’empiler des engagements, mais de construire une trajectoire réaliste, chiffrée et alignée sur les priorités économiques de l’entreprise.

Cela implique, en amont, de transformer les enjeux identifiés en objectifs clairs : baisse des émissions, efficacité énergétique, réduction des déchets, écoconception… À chaque enjeu prioritaire doit correspondre une cible mesurable, définie dans le temps, et corrélée à un impact business (réduction de coûts, accès marché, innovation…).

La démarche gagne par ailleurs en efficacité si elle repose sur :

  • Des jalons progressifs, qui permettent d’ajuster les efforts,
  • Des indicateurs mesurés, à la fois environnementaux et financiers,
  • Une articulation forte avec les fonctions clés : finance, production, achats, innovation…

3. Intégrer l’impact environnemental dans les outils de gestion et de décision de l’entreprise

Une stratégie environnementale, même bien pensée, reste inefficace si elle n’est pas intégrée dans les outils qui pilotent réellement l’entreprise au quotidien.

C’est là que beaucoup de démarches échouent : l’impact environnemental reste cantonné aux rapports RSE ou à un service isolé, sans lien réel avec la gestion des opérations, des investissements ou de la performance.

Pour que la démarche prenne corps, elle doit s’ancrer dans les outils et process existants :

  • Tableaux de bord, où les indicateurs environnementaux sont mis en relation avec les données financières.
  • Budgets d’investissement, intégrant les impacts environnementaux dans l’évaluation des projets.
  • Reporting de gestion, incluant les progrès climatiques et les risques environnementaux aux côtés des KPIs classiques.

Des solutions comme Auxo Dynamics permettent de répondre à ces enjeux, en facilitant la collecte et le traitement des données extra-financières, et en les croisant avec les données financières, pour créer un pilotage intégré. Résultat : une analyse plus fine, une prise de décision éclairée, et une conformité renforcée, sans complexifier les processus internes.

Mais au-delà des outils, c’est aussi une question de gouvernance. Il faut impliquer les directions opérationnelles, former les décideurs aux enjeux clés, et aligner les incitations sur les objectifs environnementaux (bonus, critères de performance, etc.).

C’est à cette condition que l’impact environnemental cesse d’être une ligne à part, pour devenir un paramètre de performance, au même titre que la marge, la qualité ou le cash.